Contribution

A Paris XXe, le combat féministe et laïque contre les extrêmes

28 mars 2015

Le 7 mars dernier, à la mairie du XXe arrondissement de Paris, étaient réunies des femmes déterminées à faire entendre leur voix face à « ces progressistes qui crachent sur les morts du 7 janvier », pour reprendre l’expression de Caroline Fourest.

La maire de l’arrondissement, Frédérique Calandra, a découvert tout début mars qu’une adjointe Verte avait convié à intervenir lors d’une table ronde sur la Journée des femmes des personnages pour le moins controversés. Parmi eux, Rokhaya Diallo, dont l’association, les Indivisibles, avait demandé au Qatar de racheter Charlie Hebdo afin d’empêcher la publication des caricatures de Mahomet. D’autres intervenants pressentis étaient membres du Parti des Indigènes de la République, une organisation aux relents douteux.

La maire de l’arrondissement a alors décidé de déprogrammer ce débat, dénonçant un "réseau d’opinion dont l’action essentielle est de désigner comme cibles les militants de gauche pour laïcité, les féministes et les combattants antiracistes". Un certain nombre de personnalités féministes ont apporté leur soutien à la maire de l’arrondissement, violemment prise à partie par ces étranges propagandistes dont les thématiques flirtent tout autant avec les dévoiements de l’ultra gauche qu’avec les méthodes de l’extrême droite.

On en retrouve d’ailleurs un certain nombre partageant les causes du Printemps français, de la Manif pour tous, des Veilleurs ou de la Journée du retrait de l’école. Leurs liens avec des mouvements intégristes religieux sont clairement établis. Mais des partis de gauche radicale ne semblent pas troublés de se retrouver signataires de textes communs avec eux.
Les convergences de l’ensemble des intervenants prévus lors du débat initial fomenté par l’élue Verte étaient d’ailleurs limpides : tous s’étaient retrouvés en 2011 dans la signature d’une pétition « contre le soutien à Charlie Hebdo » après le premier attentat qui avait dévasté les locaux de l’hebdomadaire.

Lors de son intervention en ouverture de la table ronde du 7 mars avec des responsables féministes, Frédérique Calandra a souligné la réalité des atteintes aux droits des femmes dans la capitale. "Est il normal qu’à l’age de 14 ans, 45 % des filles arrêtent de faire du sport ? Est-il normal que dès le plus jeune âge des crèches séparent les garçons et les filles ?".
En s’alarmant du "glissement d‘un certain nombre de mouvements de gauche" sur ces questions, Frédérique Calandra a pointé du doigt comment des médias tels que Les Inrockuptibles ou Libération ou des journalistes comme Edwy Plenel traitent ce type d’informations, souvent avec une grande complaisance à l’égard de l’obscurantisme.
En conviant à s’exprimer l’association des Femmes sans voile d’Aubervilliers, Frédérique Calandra s’est indignée en rappelant le combat de millions de femmes qui, en Égypte, en Syrie, au Soudan, en Irak, en Tunisie, en Inde ou en Chine luttent pour leur émancipation Il faudrait les abandonner dans leur combat au motif qu’il conviendrait de respecter toutes les coutumes et tous les préceptes religieux ?

Christine Le Doaré, ancienne présidente de Sos-Homophobie et du Centre LGTB Paris-Ile de France, a martelé ensuite que le féminisme ne pouvait être qu’ "universaliste et laïque. La lutte contre le racisme, oui, mais contre tous les racismes. Or, poursuit-elle, le terme d’"islamophobie" est avancé pour empêcher toute critique de l’islam radical. Pourquoi les Indivisibles ou des associations de cette mouvance ne parlent ils jamais de l’antisémitisme ? Pourquoi ne parlent-ils jamais du totalitarisme islamiste ? Pourquoi signent ils des pétitions contre la liberté d’expression ?".

Pour Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes, "les religions ont un problème avec le corps des femme". Elle souligne que dans la Charte européenne des droits fondamentaux, "il n’y a pas un mot sur les droits sexuels et reproductifs alors qu’il y en a de nombreux sur la protection de l’environnement !". Pour Annie Sugier, le combat féministe est plus que jamais d’actualité alors qu’on "continue à vouloir enfermer les femmes dans leur destin biologique".
Ancienne élue Verte et responsable de la commission féminisme d’EELV, Arlette Zylberg a dénoncé à son tour les collusions entre extrême gauche et extrême droite et les alliances des extrêmes droites religieuses pendant les Manifs pour tous.
Ensuite, la représentante du Collectif Femmes sans voile d’Aubervilliers a expliqué la situation de ces militantes, "d’origine maghrébine ou d’origine musulmane. On nous met à l’écart alors que nous sommes majoritaires. Nous sommes de culture musulmane mais nous sommes pour l’égalité, nous sommes contre l’islamisme. Dans nos pays d’origine, nous nous sommes battues, nous mères se sont battues pour enlever le voile et c’est ici en France que nous sommes rappelées à l’ordre sur notre faciès tous les jours pour que nous mettions le voile. L’aspiration à l’égalité n’est pas liée à une culture !".
Le Collectif dénonce le fait que le port du voile réduise "la personne des femmes à leur sexualité. Il affirme la domination et le contrôle de la femme par l’homme, ce qui revient à restreindre ses libertés dans l’espace public comme ses libertés de choix liées à son corps. Le voile n’est ni un simple tissu ni une relation à Dieu, il est l’instrument privilégié de la remise en cause de ces droits fondamentaux que sont l’égalité et la liberté pour les femmes".



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